Que prévoit l’initiative ?

  • L’instauration d’un salaire minimum obligatoire de 23 frs bruts de l’heure pour toutes les branches, correspondant à 4186 frs mensuels bruts pour 42h de travail hebdomadaire
  • L’indexation du salaire minimum au coût de la vie
  • Des exceptions pour les jeunes en formation et pour le secteur de l’agriculture
  • Des contrôles et des sanctions pour les employeurs qui ne s’y conformeraient pas

Un salaire minimum contre la précarité

A Genève, 10% des travailleurs/euses ont un salaire inférieur à 23 frs de l’heure, soit moins de 4000 frs pour un plein temps. La moitié touche même un salaire inférieur à 3500 frs. Ces salaires ne permettent pas de vivre dignement sans recourir à de multiples aides publiques.

Dans son rapport sur la pauvreté de 2016, le Conseil d’Etat disait : « En l’absence d’un changement de cap dans les politiques salariales, l’intervention de l’Etat pour remédier à la faiblesse des revenus du travail sera appelée à augmenter, faisant dans les faits peser sur les finances publiques une insuffisance découlant de l’évolution du marché du travail ». C’est ce changement de cap que l’initiative propose de mettre en œuvre, avec pour objectif de mettre fin à la précarité résultant de salaires trop bas, et à une politique salariale patronale qui reporte les coûts sociaux sur l’ensemble des contribuables.

Le « partenariat social » ne suffit pas

A Genève, près de la moitié des travailleurs/euses ne sont pas protégé-e-s par une convention collective de travail (CCT). Et dans plusieurs secteurs au bénéfice d’une CCT – comme par exemple l’hôtellerie-restauration ou le nettoyage – les salaires demeurent bas en raison de l’intransigeance des organisations patronales. Pour les contraindre à accorder un salaire digne à toutes et tous, un salaire minimum légal obligatoire est indispensable.

Un pas concret vers plus d’égalité

Deux tiers des salarié-e-s directement concerné-e-s par les très bas salaires sont des femmes. Le salaire minimum améliorera leur revenu dans la vie active comme à la retraite.

Le 14 juin 2019, des milliers de femmes ont manifesté à Genève pour mettre fin aux discriminations dont elles sont victimes, notamment sur le plan des salaires. En améliorant le salaire de 20’000 travailleuses touchant aujourd’hui les plus bas salaires, cette initiative permet de faire maintenant un pas concret vers l’égalité salariale.

Effet positif sur TOUS les salaires

Contrairement à une idée reçue largement répandue, le salaire minimum légal ne tirera pas l’ensemble des salaires vers le bas. Car les employeurs peuvent baisser les salaires bien plus facilement sans salaire minimum, ce dont certains ne se privent d’ailleurs pas. Le salaire minimum posera enfin une limite à cette sous-enchère, et favorisera même une amélioration globale des salaires.

Dans aucun pays ni aucune région, pas même la France, la moindre étude économique sérieuse n’a démontré un effet négatif du salaire minimum légal sur l’ensemble des salaires. C’est toujours le contraire qui s’est vérifié : avec l’amélioration du pouvoir de négociation d’une part importante des travailleurs/euses, c’est l’ensemble des salaires qui a tendance à augmenter.

Effets positifs sur l’emploi

Dans tous les pays où des études de terrain ont été menées, il a été démontré que l’amélioration du pouvoir d’achat de dizaines de milliers de salarié-e-s génère très rapidement de nouveaux emplois. En effet, les personnes qui ont de bas salaires ne peuvent pas épargner un revenu supplémentaire, mais doivent le dépenser pour subvenir à leurs besoins de base. Cela stimule immédiatement la consommation et donc l’emploi. C’est un cercle vertueux.

De plus avec un salaire minimum de 23 frs/h, l’Etat n’a plus à subventionner indirectement les employeurs qui pratiquent la sous-enchère, et peut consacrer plus de ressources (nos impôts) aux services publics dont la population a besoin, ce qui génère… de nouveaux emplois.

Face aux effets économiques de la crise du Covid, opposer revalorisation des bas salaires et emplois est donc une grave erreur. De nombreuses entreprises qui pratiquent la sous-enchère salariale sont des grandes entreprises, voire des multinationales, qui augmentent régulièrement les plus hauts salaires et versent de confortables dividendes à leurs actionnaires. Pour celles qui sont en réelles difficultés, d’autres mesures telles que la baisse des loyers commerciaux seraient économiquement plus efficaces et socialement plus justes.

Neuchâtel l’a fait, Genève peut le faire

Pour lutter contre la pauvreté et favoriser la dignité humaine, le Canton de Neuchâtel s’est doté d’un salaire minimum légal suite à une initiative populaire. Suite à des recours formés par des employeurs et des organisations patronales, le Tribunal fédéral a validé le salaire minimum neuchâtelois ainsi que sa base de calcul inspirée des prestations complémentaires AVS/AI, estimant que «le salaire minimum est un instrument qui prévient la pauvreté, le « working poor » et qu’il n’est pas contraire à la liberté économique».
Appliquée à Genève, la même méthode de calcul aboutit au montant de 23 frs de l’heure, soit 4186 frs pour un plein temps de 42h hebdomadaires.

Après les applaudissements, place aux augmentations de salaires

Les organisations patronales n’ont pas attendu la fin de la crise sanitaire pour réclamer un gel voire des baisses de salaires, y compris pour celles et ceux qui ont été au front ce printemps tout en gagnant moins de 23 francs de l’heure. Dans le même temps, les 37 plus grandes entreprises suisses reversaient près de 63 milliards de francs sous forme de dividendes à leurs actionnaires (soit plus que le plan d’aide aux entreprises de la Confédération). De luxueux palaces payant leur personnel 3470 francs par mois ont refusé de garantir le 100% du salaire durant la phase de chômage partiel, de nombreuses vendeuses qui ont dû travailler tout au long de la pandémie n’ont eu droit à aucune prime ni augmentation de salaire.

Instaurer un salaire minimum de 23 francs pour ces personnes, ce n’est pas détruire leur emploi, c’est leur octroyer une reconnaissance pour leur travail et des droits face à des employeurs peu respectueux et avares.

Protéger les salaires, pas les frontières

Tandis que certains veulent fermer les frontières pour soi-disant protéger les « résident-e-s » de la libre circulation des personnes, les syndicats genevois répondent qu’une vraie protection contre la sous-enchère réside dans le renforcement des mesures d’accompagnement, et non dans leur affaiblissement. Véritable bouclier contre la précarité, le salaire minimum légal participera à ce nécessaire renforcement.

Tout travail mérite salaire.
Tout salaire devrait permettre d’en vivre.
Contre la précarité,
23 frs, c’est un minimum !

Votez OUI le 27 septembre !